Atlantic Challenge – juillet 2008
Jacobstad – Finlande
L’origine du projet
En 2007 les membres de l’association le Défi du Traict se sont rapprochés du Lycée Galilée de Guérande afin de mettre en place un partenariat qui permettrait aux lycéens de découvrir la navigation traditionnelle, de faire des échanges culturels internationaux, et de mettre en place un projet pédagogique et sportif autour de la marine traditionnelle.
Dans le cadre de ce partenariat, les lycéens vont apprendre tout ce qui tourne autour de la navigation traditionnelle.
L’aboutissement de ce partenariat étant la participation en 2008 aux épreuves de l’Atlantic Challenge. L’épreuve à elle seule, sera pour ces jeunes, un premier défi mais la préparation à l’épreuve ainsi que la préparation à un voyage de plus de 4.000 km pour se rendre en Finlande ; ce qui constituera en lui-même un véritable défi.
C’est 11 jeunes et 9 adultes qui participent à ce « Challenge ».
Le voyage
Départ le 22 juillet à 18h05 ! On est dans les temps dès le départ. Pourvu que ça dure ! Après des préparatifs calmes et des au revoir plutôt sereins, dans la bonne humeur, sans excitation ni angoisse : de l’expectative chez tout le monde peut-être.
1re halte à … Herbignac ! Un duvet oublié. Non, non, on ne dira pas qui. Enfin, le dit duvet arrive de Piriac, pendant que Cyril en profite pour procéder à son 1er briefing professionnel par téléphone mobile. Nous découvrons d’ailleurs ses drôles de pratiques de travail (il prend des notes dans la poussière du sol, au bâton).
Le convoi redémarre pour un pique-nique du soir sur l’aire du Mont Saint-Michel. Et c’est parti pour une longue nuit. Belgique, Allemagne. Tout se déroule sans accroc. Les champs d’éoliennes, partout. Nous approchons de Rostock pile-poil dans les temps prévus. Rassurés, sans doute, soulagés.
Quand soudain, comme on dit, horreur ! THE BOUCHON HAMBOURGEOIS. Nous aurions perdu de trois quart d’heure à PLUS DE DEUX HEURES !, selon les avis, l’optimisme, ou l’état d’impatience, d’inquiétude, voire d’énervement que l’on sent bien poindre ici ou là.
Nous pique-niquons avant d’embarquer sur le ferry. Et hop, un petit air d’accordéon : atelier chant de marins et animation de la file d’attente des véhicules. Nous nous devons d’être honnêtes : au risque de vous décevoir, nous n’avons pas recueilli un succès fou. Embarquement, et c’est la visite en tous sens du ferry, de pont en pont, de bâbord à tribord. Grosse déception : pas de douche, hormis le sauna à 6 euros. Eh oui, l’équipage a macéré dans les voitures depuis déjà 26 heures. Nous apprendrons qu’il y avait finalement douche gratuite de 9h à 10h, mais bon, l’info vient d’Yvonnick et nous parvient donc à 9h 58.
Tout le monde prend dans la bonne humeur et la rigolade nos piètres conditions de couchage et de sommeil : une petite salle étouffante, quasi hermétique, des fauteuils prétendus inclinables qui acceptent de se pencher sur 3 centimètres. Certains bivouaquent sur les ponts à la belle étoile, d’autres squattent les moquettes des couloirs, chacun passe la nuit du mieux qu’il peut, et la journée aussi : atelier matelotage pour certains, atelier sieste pour d’autres. Magnifique coucher – si l’on peut dire – de soleil, rapidement suivi du lever. 6h30 à Helsinki, route vers Jacobstad, sous le soleil et la chaleur. Nous faisons la pause déjeuner au bord d’un lac, nous découvrons la faune avec un peu d’inquiétude : pas d’ours, mais des taons, des moustiques, des mouches noires bien agressives, et d’autres insectes non identifiés mais peu engageants.
Nous arrivons comme prévu dans l’après-midi, certes fatigués, mais finalement sans plus : nous craignions pire.
Nous en profitons pour jeter l’ancre et stopper enfin le long calvaire des voitures où régnaient sommeil et chaleur.
17h, nous replaçons la yole à l’eau, elle qui nous suppliait de pouvoir regonfler ses bordées de chêne. Au fur et à mesure que nous avancions, nous qui nous plaignions de la chaleur, nous nous retrouvons les pieds dans l’eau ; les mollets ne tarderont pas à s’y trouver.
Arrivés au ponton, nous quittons notre Titanic et au fur et à mesure que nous nous éloignons de l’embarcadère pour rejoindre l’école où nous dormirons, nous nous retournons deux trois fois pour chercher du regard notre yole. Et là, rien. Où a-t-elle pu disparaître ? Aurait-elle coulé ? Eh oui, elle a bel et bien coulé (bois rétracté).
Une semaine de compétition et de rencontres
Samedi
L’après-midi est consacrée à l’application de manœuvres. Mise en place du mouillage pour l’épreuve du passage de sac.
Par la suite, nous tirons quelques bords à la voile pour bien définir nos emplacements sur le bateau.
Dimanche matin
Olivier prévoit un petit entraînement tranquille pour nous préparer à la régate d’ouverture « captain’s gig », entraînement qui se déroulera sans accrocs.
Dimanche après-midi
13h, la pression monte, la 1re épreuve de l’Atlantic Challenge va débuter. Cette régate n’accepte aucune erreur. Pendant la durée de l’épreuve tout se passe impeccable. Aucune grosse erreur à déplorer. Mais peut-être un petit oubli de la part d’Olivier. Eh oui, il fallait bien un fautif. Eh oui, ne jamais oublier les pare-battages. Nous finissons 8e de l’épreuve. Résultat désolant après tant d’efforts.
Lundi
Une longue journée se profile. Une distance de 20 miles dans les îles de l’archipel. Nous entamons la journée par un tractage de la yole vers la ligne de départ de la régate.
Jusque-là pas de souci.
Nous matons et hissons les voiles pour partir sous voiles. Jusque-là pas de souci.
C’est là que l’histoire se gâte. Nous devons abaisser les voiles et sortir les avirons. 8 miles à bout de bras. Effort difficile pour un si jeune équipage qui manque de bras. Nous finissons 11e devant les Indonésiens. Effort douloureux mais que nous avons surmonté grâce à un équipage soudé.
L’après-midi les équipages sont mélangés. Nous passons celle-ci à ramer dans des canaux de 4m de large à faucher des roseaux avec nos pelles d’avirons.
17h début de la régate L’Esprit où nous tirons 2 miles à la voile.
Le Traict finira 9e.
Pour notre arrivée, un barbecue est organisé sur l’île de Mäskär. Nous découvrirons que le monde est plus petit que nous le pensons car nous y trouverons un Français d’Antibes.
Nous rentrons sous voiles jusqu’aux pontons où nous accostons pour aller nous coucher après une longue journée.
Mardi
Tous ont démarré en forme, pour un programme encore chargé de trois régates, sous le soleil et le vent.
Dans l’ensemble, les départs sont bons, la yole se place bien et file. C’est parfois plus difficile ensuite, pour les bords à faire à l’aviron (régate du matin), ou quand il faut remonter au vent (régates de l’après-midi). Pour nous, ce fut la journée activités annexes et travaux divers : lessives, achat de cartes postales pour les jeunes, commande et changement d’un amortisseur sur la remorque de la yole (prêtée par Redon) …
Mercredi
Les épreuves se déroulent sur les quais ou juste devant : épreuve de matelotage le matin, épreuve de « l’homme à la mer » l’après-midi : on arrive sous voile, un équipier d’une autre yole tombe à l’eau, il faut faire demi-tour et le récupérer le plus vite possible. Enfin, slalom à l’aviron sans safran. Pendant cette journée, nous montons le stand pour glaner encore quelques euros.
Les activités maritimes se sont terminées assez tôt ces deux jours, ce qui laisse le temps à ceux qui le souhaitent de se baigner avant le dîner. L’eau est bonne – plus chaude qu’à Mesquer – les journées toujours très ensoleillées. Des groupes de musique animent ces deux soirées, demain jeudi ce sera tournoi de volley sur la plage.
Pour la journée de demain jeudi : régate voile-aviron le matin, épreuve de remorquage l’après-midi. Aie aie aie les bras les dos et les épaules risquent de souffrir encore, et les ampoules dans les mains vont éclater. Mais la bonne humeur règne, personne ne se plaint.
Jeudi
Le vent fraîchit : les yoles souffrent pendant la régate voile-aviron du matin. Il faut dire qu’il y a toujours de la casse pendant ce type de compétition. Depuis hier ou avant-hier, chaque jour une ou deux yoles sortent pour des dégâts et des travaux plus ou moins importants. Quand Bruno a entendu à deux reprises le mât du Traict craquer plus fort et autrement que d’habitude, Olivier a pris la décision de prendre deux ris. L’objectif est avant tout de ramener le bateau et les équipiers en état. Malgré tout, une fin de régate avec du plaisir, au coude à coude avec les Indonésiens.
L’épreuve de remorquage (on tracte une autre yole) de l’après-midi est annulée pour mauvaise météo (trop de vent) et remplacée par un tournoi de beach volley. C’est aussi sieste pour les uns, baignade pour les autres, puis sauna en fin de journée, avant de s’entraîner le soir venu pour les épreuves très techniques du lendemain vendredi. Chez nous, tout le monde se porte bien malgré une certaine fatigue. Ils ont beaucoup donné pendant la régate, mais nous n’avons ni crise d’asthme ni entorse comme d’autres équipages qui connaissent le chemin de l’hôpital.
Vendredi
Le matin, navigation : on vous donne un cap à suivre pendant une certaine distance. Il faut donc savoir tracer son cap, et calculer sa vitesse ! (pas d’électronique, pas de GPS). Pour calculer la vitesse, on laisse filer un bout avec des nœuds bien répartis (pas au hasard) pendant 10 secondes par exemple, on compte les nœuds qui ont filé et on obtient sa vitesse. Ça veut dire aussi que l’équipage doit ramer très régulièrement sur tout le trajet, sinon ça fausse tout, forcément. Ça peut donc être assez approximatif, au bout du compte … Quand on estime avoir parcouru la distance demandée, on prend un autre cap et une autre distance (toujours donnés par le comité de course), et là, on jette une bouée, et on lève le pavillon. Le comité nous apporte une carte, et on doit indiquer la position (latitude, longitude) à laquelle on s’est arrêté, position calculée à partir de trois amers, c’est mieux. Il me semble qu’ils ont 90 mn (au moment où je tape, là, ils y sont). Pour calculer la vitesse au mieux, ils ne vont pas aller trop vite (pour garder la cadence sur tout le cap). Nous avons emprunté un compas de relèvement à un plaisancier, fabriqué la corde à nœuds.
L’après-midi, transfert de sac. On arrive à l’aviron à 10m de la plage où se trouvent deux équipiers. Il faut faire passer un sac de la plage au bateau puis du bateau à la plage avec un bout et une poulie, sans que le sac ne touche l’eau, et repartir le plus vite possible. On se sert du mât que l’on hisse en arrivant devant la plage. Il faut bien savoir faire ses nœuds ! L’épreuve exige aussi de l’habilitée et de la précision pour celui qui lance le bout avec la pomme de touline, de la coordination entre l’arrivée à l’aviron, le mouillage à jeter au bon moment, le demi-tour à faire le plus vite possible. Dur pour ceux qui scient… Notre entraînement d’hier soir a un peu cafouillé, il faut bien le dire. Une poulie perdue à l’eau, une touline qui obstinément refusait d’atteindre le sable, des nœuds mal maîtrisés dans l’action … Espérons que ça ira mieux cet après-midi. Je fais le compte rendu ce soir, promis. La fin de la soirée d’hier ? Un peu de danse pour certains sous le chapiteau de l’Atlantic Challenge, avec les autres équipes, parties de cartes pour d’autres, calculs et corde à nœuds pour les tacticiens du lendemain.
12 équipages de tous les coins du monde
Je pense que si il y avait eu un prix pour l’équipage le plus joyeux, convivial, les Indonésiens auraient gagné haut la main. Et merci à eux pour la statuette de la déesse. Maintenant elle est à bord de la yole à chaque navigation.
Au départ c’était juste petite soirée franco-italienne pour une partie de volley, à la fin c’était plutôt une soirée internationale, tout le monde est arrivé petit à petit pour jouer et tout ce beau monde à trouvé sa place dans une équipe pour jouer au volley. Superbe soirée juste avant le 2 miles du lendemain.
On ne revient pas tout à fait bredouille de Finlande, on rapporte quand même une coupe que l’on brandit fièrement. Bon, elle n’ est pas en métal mais c’est mieux gonflable, pour le retour elle n’a pas gêné dans les valises.